16 au 26 octobre 2024
Le mois de Tichri est le premier de l’année juive, et le plus riche en fêtes et solennités : Roch Hachana (1er et 2 du mois) ; Yom Kippour (le 10 du mois) ; et Soukkoth (le 15 et 16 Tichri), qui dure sept jours et se prolonge par Chemini Atseret et Simha Torah (le 22 et le 23 Tichri); ces deux dernières solennités sont célébrées ensembles le 22 Tichri en Israël.
Les dix premiers jours du mois sont appelés les « Jours redoutables », jours de gravité, de recueillement et de retour sur soi que conclut , au terme d’une gradation insensible vers la sainteté, la pureté, la pénitence et le pardon , la journée solennelle du Yom Kippour.
Roch Hachana et Yom Kippour sont des solennités empreintes de gravité et d’austérité, tandis que Soukkoth et Simha Torah sont célébrées sous le signe de la joie et de l’allégresse. On les appelle Zmane simhatenou : « temps de notre joie ».
A la suite de Pessah et de Chavouot, Soukkoth est la troisième des fêtes de pèlerinage : lorsque le Temple de Jérusalem existait, le peuple s’y rendait en procession à l’occasion de ces trois fêtes, pour apporter des offrandes sur l’autel. Pour cette raison, la Torah désigne ces trois solennités sous le nom de : « fêtes de D.ieu ».
La fête en elle-même porte plusieurs noms. La Bible l’appelle ‘Hag Ha Soukkoth (fête des tentes ou fête des cabanes), ‘Hag Ha Assif (fête de la récolte) ou simplement He’Hag, c’est-à-dire : la Fête par excellence, celle où la joie est la plus franche.
En effet, à Pessah, la Torah (Deutéronome 16) ne nous ordonne guère explicitement de nous livrer à la joie. A l’occasion de Chavouot, il nous est prescrit une seule fois : « Et tu te réjouiras devant l’Eternel ton D.ieu… » tandis qu’à Soukkoth, les invitations à la joie et à l’allégresse apparaissent trois fois.
Couverte uniquement de feuillages, la soukkah se dresse directement sous la voûte du ciel, refusant de l’arbre ou du toit de la maison la protection et l’ombrage. Parfois, elle est perchée sur un balcon dont elle utilise la barre d’appui et le mur, ou bien elle occupe une pièce dans l’appartement, située immédiatement sous le toit, dont on a remplacé momentanément les tuiles par des feuilles. C’est cette voûte rustique, le sekhah -impliqué dans le mot soukkah- qui représente la partie la plus importante. Seuls y sont admis branchages et feuillages, soutenus par des lattes en forme de claie. Ils sont suffisamment fournis pour que l’ombre qu’ils projettent sur le sol soit plus étendue que le jour qui parvient à les traverser. Par ses interstices, on peut cependant, la nuit, apercevoir les étoiles et la soukkah n’est pas assez épaisse pour s’opposer à la pluie.
Pendant les sept jours, la soukkah remplace littéralement la demeure habituelle. On y prend tous ses repas, sauf s’il pleut ou si le temps est trop rigoureux. Sont en effet dispensés du commandement d’habiter dans la soukkah tous ceux qui s’en trouvent incommodés. C’est pour cette raison sans doute que la prescription impérative d’y dormir est tombée quelque peu en désuétude dans les pays où le froid en rend l’accomplissement dangereux pour la santé. On y passe du temps dans toute la mesure du possible, on y lit et étudie, on y reçoit ses amis.
Sa garniture de fruits et de fleurs, de guirlandes d’origines diverses, en rappelle la signification agricole tout en l’égayant : tapis, draperies, tableaux ; le beau linge et la plus riche vaisselle émigrent de la maison pour lui conférer un caractère confortable sinon luxueux.
Chaque fois que l’on se rend dans la soukkah pour y séjourner, et en tous cas avant les repas, on bénit « Celui qui nous a sanctifié par ses commandements et nous a ordonné de résider dans la soukkah. »
Dans une prière d’origine kabbalistique, on invite également certains hôtes célestes : Abraham, Isaac, Jacob, Joseph, Moïse, Aaron et David. Par leur présence invisible dans la soukkah, ces pères protecteurs ne rappellent pas seulement la grandeur du passé, mais encouragent aussi les Juifs, soumis à la tragédie de l’exil et de la dispersion, à supporter et à attendre la délivrance avec confiance.
L’usage s’est répandu peu à peu de construire dans la cour de la synagogue une soukkah communautaire, destinée à ceux qui sont dans l’impossibilité matérielle d’en posséder une.
La soukkah a une particularité qui la rend supérieure à tous les autres commandements : ceux-ci sont pratiqués avec une certaine partie du corps, ou impliquent certaines activités spécifiques, par exemple, les tefilines sont mis sur le bras et sur la tête. Par contre, le commandement de la soukkah « entoure » tout notre corps et englobe toutes les activités humaines. Ainsi, pendant la semaine de Soukkoth, toutes nos activités quotidiennes – boire, manger ou dormir, etc. – deviennent des mitsvoth, des commandements divins et des actions saintes parce que nous les accomplissons dans la soukkah.
Le loulav est un bouquet de feuillages, composé d’une palme, de trois rameaux de myrte, et deux rameaux de saule, auxquels on adjoint un cédrat. Il est agité à la synagogue pendant les jours de Soukkoth et de « Hol hamoed» .
« Vous prendrez le premier jour, du fruit de l’arbre Hadar, des branches de palmier, des rameaux de l’arbre Aboth et des saules de rivière; et vous vous réjouirez, en présence de l’Eternel votre D.ieu, durant sept jours » (Lévitique 23:40).
On observe pendant toute la fête de Soukkoth, sauf le Chabbat, le commandement des arba’a minim. Ces « quatre espèces » comprennent : un cédrat -ethrog- ; une palme -loulav- ; trois rameaux de myrte -hadassim- ; et deux de saule -‘aravoth-. Les branches sont liées à la palme, généralement par trois noeuds tressés au moyen de feuilles ou de fibres provenant du loulav lui-même.
A la fin de la prière du matin, on saisit le bouquet ainsi constitué dans la main droite, y joignant le cédrat tenu verticalement dans la main gauche, et on les agite par trois fois dans la direction des points cardinaux, puis vers le haut et le bas. Une bénédiction procède ces gestes qui se répéteront à plusieurs reprises au cours de la récitation des psaumes du Hallel. Il est recommandé de posséder son propre loulav, bien qu’à la rigueur on puisse emprunter celui de la communauté.
Selon Maïmonide, les quatre espèces végétales représentent le plus beau fruit (cédrat), le meilleur parfum (myrte), la plus belle feuille (palmier), et la précieuse plante dont la présence indique la proximité de l’eau (saule).
La Kabbale propose une autre interprétation symbolique : Les quatre espèces représentent les quatre catégories d’hommes qui forment le peuple d’Israël : Les hommes de savoir et de mérite (le cédrat, qui joint le parfum à la beauté) ; les hommes de savoir mais dépourvus de mérite (le myrte, parfumé mais d’aspect quelconque) ; les hommes de mérite mais qui n’ont aucun savoir (la branche de palmier, majestueuse mais inodore) ; et enfin, les hommes ignorants que ne rachètent aucune action méritoire, assimilés au saule qui est sans beauté ni parfum.
Le premier jour de Soukkoth (les deux premiers jours en Diaspora), on entrecoupe l’office de piyoutim (poèmes religieux composés au moyen-âge) ayant trait à la soukkah et au loulav.
On lit dans la Torah le passage de la section Emor, relatif au Chabbat et aux fêtes, dont Soukkoth termine la liste (Lévitique 22:26-23:44).
Dans le dernier chapitre de son livre choisi comme haftara du premier jour (chapitre 14:1-21), le prophète Zacharie annonce qu’un temps viendra où tous les peuples se réuniront pour lutter contre Jérusalem et s’en empareront. Mais le Seigneur sortira alors pour les combattre, et les anéantira. « Et ceux qui se seront dressés contre Jérusalem y monteront chaque année pour se prosterner devant le Roi, Seigneur des Armées, et célébrer la solennité de Soukkoth ». Car, dans sa signification profonde, la fête des Cabanes, symbole de la protection divine, est aussi préfiguration de l’ère messianique où l’humanité entière reconnaîtra la souveraineté du seul D.ieu.
Le lendemain, la haftara, tirée du livre des Rois (1Rois 8:2-21), relate l’inauguration du Temple de Salomon dont les festivités eurent lieu durant le mois de Tichri, pendant la fête de Soukkoth.
Après la prière de Moussaf, munis de loulavim, Sefer Torah en tête, les fidèles font une procession qui, partant de l’Arche Sainte, fait le tour de l’assemblée en chantant les Hoshanoth. Ces poèmes liturgiques doivent leur nom au terme de Hoshana (Hosanna) qui, comme un refrain, en termine les versets.
Hol Hamoed signifie littéralement : « jours non fériés au sein d’une fête ». Ce terme désigne les jours intermédiaires des fêtes de Soukkoth, Hanouccah et Pessah.
Pratiquement, les jours de demi-fête ne présentent guère de différences sensibles avec les jours ouvrables ordinaires si ce n’est quelques additions dans la liturgie: chant du Hallel, lecture de la Loi, office de Moussaf avec Hoshanot et prise du loulav.
En principe, de nombreux travaux sont interdits et, à maintes reprises, les maîtres du Talmud condamnent ceux qui profanent le caractère semi-sacré de cette période. Seuls, sont vraiment autorisés les travaux nécessaires aux besoins de la fête et ceux dont l’abstention entraînerait une perte matérielle sensible. Mais la rigueur économique a considérablement élargi cette catégorie.
En Israël, de nombreuses entreprises et administrations sont fermées pendant cette semaine, ainsi que les écoles, ce qui donne à cette période une ambiance de vacances dans tout le pays. Nombreux sont les Israéliens qui se rendent à Jérusalem en souvenir des fêtes de pèlerinage et c’est aussi un moment privilégié de visite pour les Juifs de Diaspora. Le cinquième jour de ‘hol hamoed, tous se pressent en foule au Mur des Lamentations (Kotel) pour assister à la cérémonie de la Bénédiction des prêtres (Birkat Cohanim).
Le Chabbat durant ‘hol hamoed , la lecture de L’Ecclésiaste (Koheleth) précède celle de la Torah. « Vanité des vanités, dit Koheleth, tout est vanité… mais, crains D.ieu et observe ses commandements, c’est là tout l’homme !… » La vanité des biens terrestres, la recherche du bonheur éternel et absolu qu’apporte la crainte du Seigneur, sont aussi un des sens de la frèle Soukkah, dressée à l’approche de la saison des pluies.
La haftara (Ezechiel 38:18 – 39:11) s’apparente à celle du premier jour de Soukkoth : description du bouleversement général, prélude des temps messianiques, causé par la guerre divine contre Gog et Magog.
Déjà à l’époque du Temple, le dernier jour de ‘hol hamoed occupait une place à part. Aujourd’hui, en souvenir de cette cérémonie, tous les fidèles, loulav en main, font en cortège sept fois le tour de l’almemor (estrade) sur lequel repose un Sefer Torah, en chantant : « O Seigneur, secoure-nous ! » (Psaume 118:25).
Puis, également pour rappeler une antique coutume, on accomplit le commandement dit des Hoshanoth : après avoir posé le loulav, chacun saisit un bouquet de cinq beaux rameaux de saule, liés par une feuille de palmier, puis les effeuille en les frappant trois fois sur un meuble ou sur le sol. Si, selon certains, cet usage concrétise la joie de la fête, symbolisant l’abondance des pluies, condition de la fécondité de la terre et de notre prospérité, pour d’autres il préfigure la disparition du mal, signe précurseur de l’avènement messianique. Selon une croyance populaire, le verdict prononcé à Roch Hachana et scellé à Kippour reçoit à Hoshana Raba force exécutoire. Aussi le service synagogal y gagne-t-il une solennité particulière.
Plusieurs cérémonies directement liées à la demande de la pluie jalonnent la fête de Soukkoth. On considère que le sol d’Eretz Israël doit être arrosé entre Soukkoth et Pessah. Mais si la pluie commence à tomber avant Chemini Atseret, lorsque les Juifs demeurent encore dans la soukkah, nos sages considèrent qu’il s’agit d’un présage défavorable.
Le battage des branches de saules à Hoshana Raba est une cérémonie incantatoire et presque magique : le saule pousse au bord de la rivière et sa présence indique celle de l’eau. Par l’effeuillage de ses rameaux dans la synagogue, on suscite une pluie de feuilles qui évoque la pluie véritable.
Le lendemain, on commence à introduire dans les Dix-huit bénédictions (le Chemoné-Essrei) la bénédiction spéciale pour demander la pluie.
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